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Le Blog de Pascale VAILLANT
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19 juillet 2007

Triomphe de l'écologie, la fin des écologistes ?

Bonjour,

La période foisonne de nombreuses initiatives se réclamant de l'écologie à en
donner le tournis ! Réunion de refondation à Tours avec Daniel COHN-BENDIT,
réunion autour de Corinne LEPAGE, réunion des partis écologistes non verts (MEI
+ GE + MHAN, +divers) pour créer un nouveau mouvement LES ECOLOGISTES, Fondation
HULOT qui se structure en mobilisant les signataires du Pacte écologique,
altermondialistes, réseau des objecteurs de croissance etc.

J'avais déjà imaginé différents scénarii possibles mais pas forcément
compatibles entre eux pour l'avenir des Verts en croisant thématiques et
alliances électorales.

Une fois la séquence électorale passée, je voudrais partager quelques réflexions
et questions pour compléter cette analyse précédente.

Les nouvelles modalités électorales (quinquennat présidentiel et inversion du
calendrier législatives/présidentielle) dessinent probablement pour longtemps un
nouveau champ d'action politique. La présidentialisation du régime sort
renforcée. Une formation politique sans présidentiable crédible et connu, et
ayant une chance de figurer au second tour aura désormais encore plus de mal à
exister sur la scène politique. La réforme constitutionnelle envisagée ne
devrait pas réduire cette présidentialisation bien au contraire. Il va bien
falloir en tirer les conséquences pour l'avenir. Alain UGUEN avait à sa manière
anticipé cette évolution dans sa proposition de primaires pour la
présidentielle.

En ce qui concerne la thématique écologique, pour la 1ère fois de grandes
formations politiques généralistes se sont penché sérieusement sur ce sujet. On
a même trouvé dans certains staffs de campagne des écologistes qui ont joué un
rôle marquant. Je pense à Bruno REBLLE et Aurélie FILIPETTI pour Ségolène ROYAL
ou Corinne LEPAGE pour François BAYROU. Nicolas HULOT a beaucoup contribué à
cela. Cette attitude semble être devenue un acquis. C'est un point majeur dont
il me semble que nous n'avons pas encore suffisamment tiré des enseignements
pour l'avenir. Elle pose à nouveau la question du positionnement sur le fond des
Verts et plus largement celle de l'écologie politique dans notre pays. Une
nouvelle page de l'écologie politique est sans doute en train de se tourner.
Quel pourrait être l'avenir prévisible ? Avant d'essayer de proposer quelques
idées à ce sujet, je voudrais synthétiser à grands traits (donc très incomplet)
les 30 d'écologie politique en France.

De 1974 à 1984, l'écologie est entrée progressivement dans l'arène politique en
faisant souvent un pas en avant suivi d'un pas en arrière. On parlait de
structures biodégradables conçues juste pour une élection puis dissoutes une
fois celle ci passée. L'idée était de faire pression sur le système politique
dans une démarche assez associative. La mouvance écologiste s'est construite
alors en agglomérant tout un ensemble de combats assez disparate dans leurs
objets et imprégnés de l'esprit de mai 68.

Dans une séquence allant de 1984 à 1993, l'écologie politique se structure de
façon plus pérenne. Cette période est dominée par un positionnement centrée
essentiellement sur l'écologie et un refus de conclure des alliances nationales
avec une grande formation politique. C'est la séquence qui a donné les meilleurs
résultats électoraux. Elle coïncide avec une 1ère prise de conscience planétaire
des enjeux écologiques.

De 1993 à aujourd'hui, les structures d'écologie politique se multiplient par
éclatement de GE et des Verts. Certaines se positionnent clairement sur
l'échiquier politique traditionnel d'autres le refusent. Des alliances
nationales électorales permettent l'élection de nombreux élus malgré une érosion
progressive des résultats électoraux ainsi qu'une participation gouvernementale.
Le discours devient de plus en plus généraliste en s'élargissant surtout sur les
thématiques sociales et sociétales.

Et pour demain ?

Nous vivons une 2e prise de conscience planétaire de la crise écologique au
travers d'une de ses manifestations : le réchauffement climatique. Les partis
écologistes à travers le monde semblent en tirer profit avec de nombreux succès
électoraux : régulièrement plus de 10 % à des élections parlementaires. Sauf en
France ! Pourquoi cela ? Ces autres partis bénéficient souvent d'institutions
politiques et de modes de scrutins plus favorables mais cela n'est pas toujours
le cas. Ils ont par contre en point commun un discours thématique très centré
sur l'écologie et assez peu généraliste. Par contre en matière d'alliance
électorale, il y a peu de convergence sur un modèle d'alliance : on observe tous
les cas de figure possibles. L'élément marquant semble donc être le
positionnement fortement centré sur la thématique écologique et un certain
pragmatisme dans les alliances électorales.

Les Verts français n'ont pas choisi ces orientations en mélangeant la thématique
écologique avec les thématiques sociale et sociétale à pied d'égalité et en
privilégiant une alliance électorale avec un seul partenaire politique.
L'élargissement des thématiques n'a pas débouché sur le gain espéré : apparaitre
comme un parti généraliste de gouvernement pouvant prendre la relève de la
gauche française. Une partie des électeurs qui était surtout motivée par la
thématique écologique a sans doute été déboussolée par ces nouveaux messages
dans lesquels ils ne sont pas retrouvés. La différenciation d'avec les partis de
gauche « traditionnels » s'est par ailleurs estompée. Les Verts n'ont pas pour
autant récupérer l'électorat socialiste ou l'électorat de la gauche de la
gauche. Sur les nouvelles thématiques sociales et sociétales mises en avant, ils
n'ont pas trouvé de légitimité dans la partie de l'opinion qui est la plus
sensible à ces thèmes.

La question se pose donc de faire comme nos voisins européens : recentrage sur
la thématique écologique notamment en déclinant plus encore les propositions
concrètes de solutions à toutes les échelles et en élargissant des alliances
électorales possibles pour « faire monter les enchères ».

Mais n'est-il pas déjà trop tard ? En effet nous vivons comme dit plus haut une
intégration de la thématique écologique par les grands partis traditionnels. Les
électeurs continueront ils encore à penser dès lors qu'un parti écologiste est
nécessaire ? Au PS divers points de vue se font jour sur l'évolution du rapport
avec les Verts qui étaient souvent considérés comme des sous-traitants du PS
pour les questions environnementales. Certains (plutôt la direction actuelle)
souhaiteraient créer une nouvelle organisation de la gauche qui rassemblerait en
une seule structure outre le PS, le PRG, les Verts, le PCF, le MRC sous une
forme organisationnelle à établir pour aboutir à une « UMP de gauche » selon
l'expression de F HOLLANDE avec l'objectif d'arriver ainsi en tête au 1er tour
de l'élection présidentielle. D'autres (autour de ROYAL) souhaiteraient plutôt
que le PS développe une pensée originale sur la thématique écologique et occupe
progressivement tout cet espace et initie une alliance électoral avec le MODEM
choisi comme partenaire principal. Ils accepteraient en complément des alliances
avec les Verts au cas par cas en fonction des rapports de force au niveau local
et en les laissant mourir à petit feu comme le PCF.

Le MODEM a choisi aussi de traiter la thématique écologique en l'identifiant
pour l'instant sous forme d'une ouverture sur un groupe d'écologistes mais aussi
demain par des propositions de fond. L'UMP va certainement suivre dans le même
sens.

En conclusion toute provisoire : la thématique écologique est promise à un bel
avenir et restera un des thèmes majeurs du XXIe siècle mais cela pourrait se
faire sans les Verts ! Nous serons dans les trois années à venir si nos
concitoyens nous considèrent encore comme nécessaire pour faire avancer
concrètement l'écologie ou si les partis traditionnels rénovés leurs
conviendront mieux.

Cordialement,

Bruno DUVAL

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